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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET L’ÉTAT.

consentir à étendre l’action de l’État au delà des strictes limites assignées par A. Smith et J.-B. Say, je crois qu’à l’exception d’une petite minorité d’économistes on rencontrerait peu d’obstacles du côté de la science. Mais il est douteux que toute la démocratie soit désormais aussi convertie à l’économie politique libérale que l’affirmaient récemment quelques esprits généreux. La démocratie moderne repousse le privilège : repousse-t-elle également la tutelle ? C’est moins certain. Nous ne nions pas que dans les sociétés aristocratiques la tutelle n’ait pu être un bienfait. Nous ne nions pas même qu’on puisse trouver une certaine somme de bonheur à l’ombre de la tutelle. Peut-être, si la recherche du bien-être matériel était tout, pourrait-on se demander si, pour certaines natures faibles, un esclavage doux ne vaut pas mieux qu’un état de liberté dont elles ne savent pas user. Mais, ce qu’il y a de sûr, c’est que l’avénement de la démocratie a précisément cette signification que le temps des tutelles nécessaires est passé, et que la société dans toutes les couches dont elle se compose a atteint l’âge de virilité. Puissions-nous dans cette voie de liberté avoir tracé quelques-unes des indications utiles qui doivent en guidant sa marche l’aider à l’accomplissement pacifique de ses destinées !