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INTRODUCTION.

gnaler une influence destinée à modifier favorablement la société ! Je ne puis quant à moi songer sans émotion qu’une race d’ouvriers propriétaires s’élèvera à côté d’une population de propriétaires paysans, et que, par ce moyen combiné avec d’autres qui seconderont l’action moralisatrice de la propriété, nous verrons, nous ou nos fils, se réorganiser la famille ouvrière, si profondément atteinte par nos transformations industrielles trop rapides et trop radicales pour avoir pu se produire sans désordre. Ainsi naîtront les habitudes de tempérance, d’épargne, de vie intérieure. Ainsi se préparera dans les villes de travail, assainies matériellement et devenues des centres d’instruction populaire, une génération, tel est du moins mon espoir, meilleure et plus heureuse, qui, moins mal partagée que ses pères, n’aura qu’à suivre l’impulsion, au lieu d’avoir la tâche toujours chanceuse de la donner.

N’est-ce pas là de la bonne, de la vraie démocratie, non en paroles, mais en action, et n’est-ce pas de la démocratie libérale ? Ce n’est pas celle-là qui attaquera la liberté du capital. L’influence démocratique du capital ne saurait faire l’objet d’un doute sérieux. Nul esprit quelque peu instruit ne contestera que sous cette forme tant et si ridiculement attaquée du numéraire, le capital favorise l’épargne, ce moyen de rachat de la misère par la vertu, et qu’il développe, en les régularisant, ces transactions nombreuses qui sont la vie même du travail ; nul ne contestera que, sous forme de matières premières, le capital fournit au travailleur les éléments de son activité, et sous forme de produits, les moyens de son existence. Il lui rend des services plus éclatants, s’il est possible, sous cette autre