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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

possesseurs, soit qu’un plus grand nombre de détenteurs s’établissent sur le domaine déjà cultivé et dont la fertilité va croissant, soit qu’enfin la propriété se présente sous mille aspects nouveaux avec les créations des arts. Qu’est-ce que notre propriété foncière aujourd’hui si partagée, sinon le rêve réalisé de la loi agraire, ne coûtant rien au droit et attestant son progrès, ne coûtant rien à l’ordre, et concourant au contraire avec une puissance admirable à l’ordre social ?

Ce mouvement d’accession de la masse à la propriété, qui est pour ainsi dire notre histoire même et qui se confond avec les progrès de la liberté civile et politique, ce mouvement d’accession aux différentes formes de la propriété, bâtiments, cultures, ateliers, titres de rente, livrets de la caisse d’épargne, actions industrielles, l’économie politique le favorise autant qu’elle peut. Voici un fait qui est d’hier, qui est d’aujourd’hui, car il se développe. Je le cite, parce que je lui attribue une grande portée. Qui de nous ne sait, grâce à de savantes enquêtes et à la notoriété publique, qu’une portion de la population ouvrière d’une de nos villes de manufacture les plus riches, et à la fois les plus éprouvées par le paupérisme, de Mulhouse, devenait récemment, à l’aide d’un assez léger sacrifice secondé par le généreux concours du capital, propriétaire de maisons avec l’accessoire d’un petit jardin, inestimable bienfait pour ces hommes condamnés au travail manufacturier  ? Cette population y a gagné mieux que le bien-être, mieux que l’aisance, elle y a gagné la moralité. Symptôme heureux, exemple déjà suivi ailleurs, et qui se répand assez pour que l’observateur puisse dès à présent y si-