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INTRODUCTION.

qu’une telle conception de la propriété n’est qu’une monstrueuse erreur. C’est ce que fait l’économie politique, et sans chercher le moins du monde à se faire démocratique, il se trouve qu’elle l’est beaucoup plus que ces écoles, si la démocratie, dans son principe, c’est le droit ; si la démocratie, dans ses effets, c’est l’avantage de tous. Qu’est-ce que la propriété pour l’économiste ? Le fruit du travail. C’est une conquête effectuée sur la nature et non sur l’humanité, conquête entretenue à force de labeur et de capitaux, passant plusieurs fois à chaque génération aux mains de l’épargne, qui la paye et qui la féconde. La propriété, dont je ne sépare pas l’héritage, son complément nécessaire et qui est comme le ciment de la famille, la propriété agit démocratiquement en ce sens que, douée d’une force d’expansion particulière et que rien ne remplace, elle multiplie les richesses dont tous profitent. Elle fait par là, sans toujours le savoir, je le reconnais, sans toujours le vouloir, je l’avoue, de la meilleure espèce de communisme. Elle travaille pour le plus grand bien-être général. Ces améliorations, ces découvertes, ces perfectionnements, ces mises en valeur de terres inoccupées ou incultes, ces entreprises mêlées de tant d’aléatoire, sur le domaine du néant et de la misère, tout cela c’est de l’intérêt général. Quelle erreur n’est-ce pas de se figurer la propriété comme le champ limité que se partagent d’un œil inquiet et d’une main jalouse d’avides héritiers. Au contraire c’est un champ qui semble s’élargir indéfiniment. Il s’accroît sous nos yeux, soit que la masse encore énorme de terrains sur lesquels n’a point passé la main féconde de l’homme appelle de nouveaux