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CHAPITRE XI

LA POPULATION ET LE SYSTÈME DE MALTHUS DEVANT LA DÉMOCRATIE. — L’ÉMIGRATION LIBRE DES TRAVAILLEURS.


I

Mais, dit-on, cette liberté de travail que l’économie politique préconise dans l’intérêt des masses, cette association revêtant tant de formes fécondes, cette instruction elle-même partout répandue, et cette capacité professionnelle accrue dans tous les rangs et pour les deux sexes, tout cela ne servira de rien, s’il est vrai, comme le prétendent les économistes, que les facilités de vivre ne sont, pour les classes ouvrières, qu’un appel à se multiplier, qu’un excitant pour la population obéissant à une tendance qui la pousse à se développer toujours plus vite que les subsistances. Quelques-uns même en sont venus à proposer des prohibitions aux mariages pour les ouvriers sans capital, ce qui paraît assez singulier pour des hommes qui condamnent partout les prohibitions. Malthus, ajoute-t-on ironiquement, est le grand-prêtre de cette religion nouvelle du célibat ou de la stérilité dans le mariage ; et de là on passe à l’injure contre Malthus et contre les économistes ennemis du peuple. On peut lire ce qu’ont écrit là dessus MM. Proudhon et Pierre Leroux.

On va voir que nous n’admettons pas ce qu’on a nommé le système de Malthus, mais nous sommes ennemi de l’exagération aussi bien contre que pour, et nous croyons que