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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

des femmes ne soient ouverts qu’aux femmes, puisque la sévère Sorbonne refuse de leur ouvrir ses portes.

Environ 55 pour 100 de ces femmes laborieuses ne savent pas lire dans cette France si renommée par ses lumières et qui en a tant en effet ! Le nombre de leurs écoles primaires relativement à celui des écoles pour le sexe masculin est dans la plus fâcheuse infériorité.

Plus encore que l’instruction primaire, l’enseignement spécial qui les rendrait propres à l’exercice d’une ou de plusieurs professions, manque aux jeunes filles pauvres. Ce n’est que par cet enseignement que cessera leur concurrence meurtrière dans les métiers où elles se pressent et se décrient les unes les autres. Ce n’est que par là que se relèvera leur salaire. Puisque force est d’accepter pour elles cette dure nécessité du travail manuel, tâchons de leur créer des ressources régulières et fécondes. Un tel enseignement reste à créer. La Société d’instruction primaire du Rhône a ouvert à Lyon, en 1858, ses cours de langue anglaise pour les femmes, et ses cours de comptabilité. Cet exemple commence à être suivi à Paris. Les formes de cet enseignement varient d’ailleurs suivant les villes, selon le caractère des industries. Que de bien à faire dans cette voie appelle une sage organisation économique de la démocratie, qui proclame l’égalité morale et civile des sexes !