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DE LA LIBERTÉ DU TRAVAIL POUR LES FEMMES.

elles imitent à merveille. N’est-ce point, ce semble, pour elles que l’alliance de l’art et de l’industrie, notamment pour les métaux, les meubles, les étoffes, a pris, de nos jours, tant d’extension ? N’est-ce pas à elles que revient, par droit de nature et par droit de conquête, la tâche délicate et charmante d’idéaliser l’utile par le goût ?

Parmi les simples industries à leur convenance et à leur portée, il en est une, qu’elles sont destinées à remplir en partie. Aux États-Unis, en Angleterre, il y a des imprimeries où les femmes figurent, soit seules, soit en grande majorité. Elles s’en acquittent fort bien. À part quelques travaux de force réservés aux hommes, il en est peu dont elles soient capables avec moins de fatigue et d’inconvénients ; et pourtant à l’heure même où j’écris, les ouvriers typographes, non pas tous, mais en grand nombre, se liguent pour empêcher cette concurrence des femmes. Quelques-uns ont même lancé à ce sujet des brochures virulentes dirigées en partie contre les économistes partisans, comme nous le sommes, de la liberté du travail sans acception de sexe.

Ce qui empêche les femmes de suivre des routes si multiples, c’est sans doute avant tout leur peu d’instruction. Nous en parlerons tout à l’heure. Mais n’est-ce point aussi la coutume ? La puissance de la routine est si grande !

Que faut-il donc faire ? Prêcher de parole et d’exemple. Que ce soit à qui les emploiera toutes les fois qu’il n’est pas démontré qu’il y a désavantage ou quand le désavantage peut être corrigé. Les chambres de commerce ne pourraient-elles les recommander aux entrepreneurs, prendre en main leur cause ? En dehors de quelques écrivains étrangers à l’industrie, ces cliens si dignes d’intérêt n’ont, hélas ! pas d’avocat.

Ce n’était pas assez des infériorités naturelles et des exclusions peu fondées du domaine du travail qui croirait que, lorsqu’elles ont voulu s’assurer contre le chô-