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DE LA LIBERTÉ DU TRAVAIL POUR LES FEMMES.

pour une autre, bonne aujourd’hui peut-être, mais qui demain peut cesser de l’être, ce à quoi il faut tendre, ils y trouvent leur avantage. Allez-vous donc aussi forcer les commerçants et le public à s’adresser, dès à présent, malgré son infériorité réelle ou présumée, au travail des femmes ? Ce serait peut-être chevaleresque ; ce serait à coup sûr fort tyrannique, et votre mesure, comme toutes les mesures violentes, resterait probablement éludée et impuissante.

L’État ne doit point user de contrainte à l’égard des particuliers ; est-ce à dire qu’il n’ait qu’à se croiser les bras ? Ne dispose-t-il pas d’un certain nombre de places ? Ne pourrait-il se montrer plus libéral pour les femmes ? Les administrations des postes, du tabac, du timbre, s’applaudissent de leurs services dans lesquels elles se montrent si soigneuses et si dévouées. Dans la grande variété des emplois administratifs, il en est d’autres qu’on pourrait leur réserver. N’est-ce pas à elles que semblerait devoir être dévolue l’inspection des prisons de femmes, des maisons d’éducation de femmes, du travail des femmes dans les manufactures ? Ne pourrait-on aussi leur confier le télégraphe électrique en partie ? Déjà les Compagnies de chemins de fer se félicitent de leur avoir remis la distribution des billets ; et même, chose plus délicate et d’abord plus contestée, la garde des barrières de passages à niveau. Les Compagnies comme l’État lui-même ne peuvent-elles faire plus encore en faveur des femmes qui cherchent dans le travail un moyen honorable de subsister ?

N’est-on pas frappé de ce fait, qu’aujourd’hui trop de femmes se livrent à la couture et aux travaux qui s’y rattachent directement ? Elles étaient, il y a quatorze ans, 60,000 se faisant concurrence dans ce genre de travail à Paris, et le nombre a peu changé. Il y a sans doute à ce fait une explication naturelle. Qui ne sait que, de tout temps