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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

peut songer à l’être. C’est seulement au point d’arrivée qu’on peut lui demander si les conséquences qui se tirent de ses observations sont conformes à la démocratie et favorables au bonheur général. Or, cela n’est pas douteux.

Liberté pour la propriété, de s’établir, de se gouverner comme elle l’entend, de ne supporter d’autres sacrifices que ceux qui sont rigoureusement exigés par l’utilité publique, et d’autres charges que l’impôt, librement voté ; liberté pour le capital comme pour le travail, telle est la conclusion qui ressort de l’économie politique.

Voilà le vrai champ du débat engagé entre l’économie politique et les écoles qui se font de la démocratie un prétexte pour limiter, entraver l’action de la propriété et du capital. La thèse commune à ces écoles, c’est que la propriété est une usurpation sur le domaine commun, et qu’elle prend aux uns ce qu’elle donne aux autres. Elles ne craignent pas, remarquait déjà il y a trente ans un publiciste républicain, Armand Carrel, osant regarder en face la nouvelle déclaration des droits d’une société qui se rattachait à Babœuf et à Robespierre, elles ne craignent pas d’étendre à la propriété même née du travail et de l’épargne, ce qui n’est vrai que de la propriété mal acquise. Pour les écoles auxquelles je fais allusion, la richesse générale du pays est semblable à la provision de vivres d’un navire en mer, provision qui, une fois embarquée, ne s’augmente plus. Le pauvre paraît ainsi n’être réduit à la moitié ou au tiers de sa ration que parce que le riche mange deux ou trois plus que la sienne. Toute cette fausse démocratie s’écroule, si on prouve