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DE LA LIBERTÉ DU TRAVAIL POUR LES FEMMES.

gnes de l’ouvrier lui-même, coopérateur indispensable dans l’œuvre de sa régénération, grâce aux sacrifices des manufacturiers, enfin à l’aide donnée par l’État, un nombre important déjà d’ouvriers s’est vu investi d’une petite maison confortable avec un jardin. Pour ignorer ou mettre en doute les avantages immenses qui en ont été le résultat au double point de vue de la conduite et du bien-être de l’ouvrier, il faudrait ne pas savoir tout ce qu’il y a de fortifiant dans la propriété, tout ce qu’elle produit d’habitudes favorables à la dignité personnelle, à la vie intérieure, à l’économie prévoyante.

Sans revenir sur ce que j’ai dit plus haut sur ce sujet, il m’est impossible de ne pas répéter, à propos des femmes, que les logements étroits et insalubres dans lesquels vivent et surtout vivaient, avant les récentes améliorations, tant de nos ouvriers et de nos ouvrières, ont fait et causent un immense mal à la famille. Le mari s’en éloigne avec dégoût ; la femme y reste le moins qu’elle peut ; les enfants vagabondent dans la rue et se traînent dans le ruisseau. Dans un espace trop resserré les cœurs s’aigrissent, les mœurs se corrompent par la promiscuité ; l’atmosphère impure qui altère les organes vicie jusqu’à l’âme. N’est-il pas temps que le régime industriel achève de se laver de ces honteuses souillures, et qu’il se trouve beaucoup de fabricants comme ceux de Mulhouse ?

I

La maxime : Connais-toi toi-même ne s’impose pas moins à la société qu’à l’individu. La guérison des maux dont elle souffre n’est possible qu’à ce prix. Les grandes enquêtes si usitées chez nos voisins n’ont point d’autre objet. Les Anglais n’hésitent pas à s’accuser afin de pouvoir s’amender. Tout ce qu’on peut raisonnablement exiger de celui qui signale un mal sans y apporter de re-