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INTRODUCTION.

antiques démocraties. Ajoutez qu’elle a pour but non l’immobilité dans une constitution présentée comme parfaite et comme éternelle, mais le progrès au prix d’une mobilité parfois excessive. Achèverai-je le parallèle de la démocratie chez les anciens et de la démocratie chez les modernes ? La démocratie moderne recherche l’étranger au lieu de le haïr ; elle voit un frère dans tout homme. Elle vante la douceur dans les mœurs et dans les relations. Elle préconise la tolérance. Elle se passionne pour la suppression des guerres. Elle songe à abolir la peine de mort. Nous ne sommes, en un mot, ni un couvent guerrier, ni un camp, ni une oligarchie ombrageuse et farouche. Nous voulons le bien-être, la sécurité et la paix.

Lorsque ces écoles, plus habituées à spéculer qu’à observer, à s’inspirer d’un système social a priori qu’à marcher dans la voie lente et sûre de l’expérience, adressent à l’économie politique le reproche de se montrer aristocratique, oligarchique, bourgeoise, je pourrais peut-être leur opposer une simple fin de non-recevoir ; je pourrais leur objecter que l’économie politique, science expérimentale, n’est point responsable de la portée et des applications de ses observations, si elles sont exactes ; je pourrais leur demander ce que c’est qu’une science oligarchique, qu’une science bourgeoise, qu’une science qui emprunte son nom à un parti, à une classe ou à un pays, comme si la science en elle-même se proposait un autre objet que de connaître le monde tel qu’il est ; comme si elle ne laissait pas à des théories préconçues la prétention aussi impuissante qu’orgueilleuse de refaire les lois du monde. Démocratique a priori, l’économie politique ne