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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

solide. Non, bien loin de là ; elle ouvre au peuple les trésors et les jouissances de l’art et de la science ; elle veut pour lui la beauté salubre des ombrages et des promenades ; elle met à sa disposition les éléments les plus variés du bien-être elle lui offre enfin des moyens de locomotion plus confortables et plus rapides que ceux dont usaient autrefois les classes privilégiées et les plus puissants princes. Lorsque tel président revenait dans ses terres, au XVIIe siècle, son fermier allait le chercher assez loin de son domaine dans une charrette mise au service de madame la présidente et de ses enfants. Un marchand n’accepterait plus aujourd’hui ce moyen de transporter sa personne, et il ne se contente plus de voyager comme Louis XIV et Napoléon. On a quelquefois assez ridiculement présenté Sparte comme modèle aux démocrates français. C’était l’erreur de Saint-Just qui prouvait par là qu’il ne comprenait pas mieux Sparte que la France. Lycurgue, à Lacédémone, faisait adopter, pour empêcher l’usage des métaux précieux de se répandre, une monnaie de fer tellement lourde qu’il fallait un char attelé de deux boeufs pour traîner une somme d’environ 300 fr. Nous, fils de la démocratie moderne, nous avons au contraire trouvé l’argent trop lourd, et nous l’avons remplacé par l’or dans beaucoup de cas ; nous avons trouvé l’or lui-même trop lourd et d’un transport trop difficile, et nous avons imaginé le billet de banque ; enfin les papiers représentatifs de la monnaie nous ont paru encore trop embarrassants pour se prêter à tous les échanges, et nous les avons rendus inutiles dans une foule de transactions par les simplifications introduites dans les banques. La démocratie moderne agit, on le voit, à l’inverse des