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DE L’ASSOCIATION. — CRÉDIT POPULAIRE.

maximum de leurs prêts dans les temps de crise. Il paraît que le petit commerce et la petite industrie, faute d’établissements de crédit, tendent à en devenir la clientèle la plus considérable, et vont demander des moyens de faire des affaires à une institution uniquement destinée à procurer quelques ressources à la misère. Enfin, dans les années de crise, beaucoup de gens préfèrent vendre les objets mobiliers sur lesquels ils ne recevraient que des sommes trop faibles et à la condition de payer de gros intérêts. Tout cela ne prouve pas que les monts-de-piété ne font aucun bien, mais cela prouve à merveille combien c’est une institution imparfaite.

Comprendra-t-on enfin que si les monts-de-piété n’étaient point des établissements de monopole, il n’en serait pas ainsi ? Si l’autorité ne leur dictait pas les règlements qui les entravent, il est de toute évidence que leurs fonds recevraient une destination plus fructueuse qui leur permettrait de diminuer leurs intérêts. Je ne voudrais d’autre preuve du succès qu’aurait la liberté pleine et entière que le succès de cette liberté bâtarde représentée par les agents intermédiaires qu’on appelle les commissionnaires. La faveur qu’ils rencontrent dans les masses, lesquelles confient à leur entremise, pourtant assez onéreuse, environ les quatre cinquièmes des engagements dans une ville comme Paris, témoigne bien que la liberté et la concurrence qui vient à sa suite seraient ici fécondes comme partout ailleurs.

Concluons qu’il s’en faut de beaucoup que tout soit chimère et utopie dans l’idée du crédit populaire, c’est-à-dire du crédit rendu plus accessible. Ce n’est pas vainement que le socialisme a vu là il y a quelques années une des questions de ce temps-ci. D’aussi vastes mouvements d’idées que celui qui se résume dans ce qu’on a désigné par ce mot de socialisme ne se produisent pas, sachons-le