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DE L’ASSOCIATION. — CRÉDIT POPULAIRE.

tueux, elles deviennent à leur tour les commanditaires du travail. Au lieu de remettre leur argent aux mains de l’État, qui n’en sait que faire ou qui ne sait comment le leur rendre, suivant les temps, elles les remettent à l’industrie, à l’agriculture. Le lien des caisses de dépôt avec les banques qui font des prêts offre l’idéal même du crédit fécond. Partout où les caisses d’épargne s’isoleront dans leurs fonctions, elles ne vivront que d’une vie incomplète, sous l’empire de règlements restrictifs à l’excès, et elles ne rendront au travail qu’une faible partie des services qu’il peut en tirer. Aujourd’hui que les masses ont pris le chemin du crédit, et même n’ont montré que trop de penchant dans ces derniers temps à confier leurs économies aux entreprises équivoques et aléatoires de la spéculation, comment craindraient-elles de se confier à de solides établissements entourés de toutes les garanties désirables ? Pourquoi, du moins, la concurrence d’établissements libres de ce genre ne serait-elle pas autorisée à se produire ? L’uniformité des règlements est-elle si précieuse qu’il faille y sacrifier tout progrès et la fécondité même du crédit ?

Je ne veux plus parler de l’intervention de l’autorité publique qu’en ce qui concerne la seule institution de crédit populaire qui fasse des prêts, les monts-de-piété. En fait de crédit populaire, c’est l’enfance de l’art. On nous répète avec une pieuse persévérance que l’objet primitif de ces établissements qui datent du XVe siècle, époque où ils furent institués en Italie, cette première partie du crédit et de l’économie politique, c’était de combattre l’usure des juifs et des Lombards, et de ceux qu’on appelait les Cahorsins, seul recours des malheureux ouvriers dans les moments de détresse. On nous fait observer avec plus d’à-propos qu’en Angleterre, unique pays peut-être où ces institutions populaires n’existent pas, les ouvriers pressés par le besoin sont forcés de s’adresser aux pannbrokers,