Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

croître, la Société a pu venir en aide à un grand nombre d’ouvriers dans la détresse ; leur fournir, par de légers prêts, le moyen de se procurer des outils ou des matières premières. La Société a étendu dans les départements sa secourable intervention. À Rouen et dans d’autres villes du département de la Seine-Inférieure, les fileurs de coton, manquant de travail, se sont transformés peu à peu, grâce aux encouragements de la Société, en fileurs de laine. Tous ils ont dû bénir la main ingénieusement généreuse qui leur venait en aide sous une forme qui respecte la dignité de celui qui emprunte, sans exclure la reconnaissance pour le service rendu !

Quant aux prêts d’honneur, ils ont réussi en Italie, ils réussiront en France par suite des progrès dans l’instruction et la capacité professionnelle, et de l’habitude plus grande du crédit ; du moins telle est notre espérance. Croit-on aussi qu’outre les ouvriers, le petit commerce n’y trouverait pas un secours précieux ? Naguère un honorable industriel de Paris émettait cette idée, dont il demandait peut-être un peu singulièrement la réalisation à M. Thiers, qui voulait faire une fondation utile du prix de 20,000 francs accordé par l’Institut à l’Histoire du Consulat et de l’Empire. M. Duchêne, fabricant de jouets, faisait la proposition suivante : Diviser un capital, soit de 20,000 fr., en vingt parts égales, et les prêter à vingt petits fabricants d’articles de Paris pour cinq ans, à 5 %, et remboursables de six mois en six mois, par somme de 100 fr. Les vingt fabricants pourraient, disait-il, être désignés, soit par la chambre du commerce, soit par le conseil des prud’hommes. M. Duchêne appuyait sa proposition de développements curieux sur l’état des petites industries parisiennes, auxquelles un crédit de 1,000 fr. permettrait d’atteindre un certain degré de prospérité. Je n’entends point indiquer cette voie ni aucune autre. Je signale tout ce qu’il y a et tout ce qu’il peut y avoir, le temps et le bon vouloir ai-