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DE L’ASSOCIATION. — CRÉDIT POPULAIRE.

n’est pas la mise en scène qui a fait défaut pour inspirer aux emprunteurs des banques de prêt d’honneur le sentiment sacré des obligations qu’ils contractaient. L’emprunteur se présente devant la banque, accompagné de sa femme et de ses enfants, ou de son père et de sa mère, afin d’hypothéquer la dette sur l’honneur de toute une famille. Deux registres sont ouverts l’un a été nommé, non peut-être sans un peu de pompe, « le grand-livre de l’estime publique de la commune, » où s’inscrivent les noms de ceux qui ont tenu leur parole ; sur l’autre, figurent les noms des débiteurs de mauvaise foi. Vainement pourtant les conseils de la presse, du pouvoir ont parlé ; cette idée est loin d’avoir produit ce qu’elle doit donner un jour.

La Société dite de Crédit du Prince impérial, née d’une pensée d’humanité et de l’intelligent désir d’élever la condition morale et matérielle des masses, pensée honnêtement et sagement politique qui tend à l’union des classes, a pris une solide assiette après de laborieux commencements. Elle fonctionne aujourd’hui avec succès, et fait une somme de bien qu’on ne saurait plus nier. Il n’est que juste d’en faire honneur d’abord à l’inspiration touchante qui l’a conçue, ensuite à la persévérance infatigable et à l’habile direction de M. Frémy. Ce qui frappe surtout dans le dernier rapport de M. l’archevêque de Paris (1863-1864), c’est la ponctuelle exactitude avec laquelle les emprunteurs ont effectué leurs remboursements, heureux symptôme pour les institutions du même genre appelées à se développer sans aucune intervention tutélaire ! Ainsi, avec un capital de 1.600.000 fr. environ, qui est destiné à s’ac-

    elles pas les institutions qui les font, beaucoup moins à des banques venant en aide à la petite industrie, qu’à des monts-de-piété offrant sans gages des ressources momentanées à la misère.