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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

l’aide de quelques combinaisons nouvelles, ou qu’on donne pour telles, de travail et de crédit, le mal sera supprimé, la richesse coulera d’une source inépuisable, l’homme, débarrassé de cruels soucis et de vains préjugés, n’aura plus qu’à jouir d’un bonheur sans mélange. Ingrats et aveugles que nous sommes, nous écoutons ces docteurs bien intentionnés, et nous passons notre chemin, aimant mieux encore ressembler au loup qu’au chien de la fable, tant la marque du collier nous inquiète. Si la crainte d’être dupe ébranlait notre vertu, l’économie politique lui viendrait en aide. Pourquoi consentir à entrer dans les cadres tout tracés du travail organisé, pourquoi s’abdiquer soi-même, si la liberté fait, en fin de compte, les parts meilleures que le travail asservi ? Un fait affligeant et qui est de nature à fixer l’attention de tous les philanthropes, de tous les politiques dignes de ce nom, frappe singulièrement les économistes amis des masses populaires, c’est qu’aujourd’hui, avec des efforts libres, multipliés, intelligents, énergiques comme l’intérêt personnel qui les engendre et les soutient, les sociétés les plus avancées ne réussissent pas encore à produire assez pour procurer les plus simples éléments de l’aisance à tous leurs membres. Quelle illusion donc de compter sur l’efficacité de systèmes plus ou moins entachés de communisme qui substituent à l’intérêt et à la concurrence le mobile encore plus insuffisant ici que sublime de la fraternité et du dévouement !

Il faut le leur dire au nom de l‘économie politique comme au nom de l’histoire : ces écoles qui s’intitulent démocratiques ignorent la nature de la démocratie moderne. Celles