Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

sort ? Que d’existences appelées à l’aisance qui eussent langui dans la gêne et se fussent consumées dans de vains efforts ! Que de richesses nouvelles pour le pays ! et quel lien puissant entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas !

On ne comprend rien, en présence de pareils faits, au langage des auteurs de l’organisation du crédit populaire par l’État, aux calomniateurs, si nombreux parmi nous, de l’initiative individuelle. Plus on étudie la richesse des formes que celle-ci peut prendre, les ressources en quelque sorte imprévues dont elle dispose dès qu’elle ne s’endort pas sur les trompeuses promesses d’un tiers tout-puissant, ou réputé tel, qu’on appelle le gouvernement, plus on se convainc de ce qu’elle peut faire encore.

Nul spectacle plus magnifique, nulle institution plus féconde, que les banques d’avances populaires telles qu’elles se sont organisées en Allemagne depuis 1848, et qu’un économiste de mérite, M. Horn, a décrites le premier, je crois, sous des traits dont l’exactitude est incontestée.

On disait à cette époque de révolution européenne et de socialisme universel, on disait aux Allemands : Adressez-vous à l’État pour obtenir le crédit dont le travail a trop souvent besoin sans le trouver. Et qui tenait un tel langage  ? Une masse de pétitions envoyées à l’Assemblée nationale de Berlin ; il n’y en avait guère moins de seize cents. Dans ce chaos d’idées il y en avait une juste et féconde, qui existait surtout dans l’esprit du président de la commission nommée pour s’occuper de la question ouvrière, M. Schultz-Delitzsch. Cette idée, c’était le crédit mutuel. Qu’on veuille bien être attentif aux principes élémentaires de ces banques, qui commencèrent à se répandre depuis 1850 et qui prouvent admirablement ce que peut l’association par elle-même quand elle se met à l’oeuvre. Ces banques comprennent les petits industriels, les petits commerçants, les ouvriers en grand nombre. Cent ou deux cents individus de ces catégories se réunissent pour con-