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DE L’ASSOCIATION. — CRÉDIT POPULAIRE.

désir de bien faire, dont elle donne les moyens. Ce désir éloigne les tentations funestes que fait naître le sentiment de l’impuissance. Le crédit a cela de moralisateur qu’il force à prévoir. Oui, sans doute, il faut déjà pour qu’il s’établisse une moyenne de moralité satisfaisante ; mais, ne l’oublions pas, son établissement concourt à la raffermir et à la répandre dans une proportion considérable. Un certain sentiment d’honneur et le bon vouloir ne suffisent pas, il faut une dose de capacité assez grande pour tirer bon parti du capital emprunté. C’est ici que se place la nécessité qu’on rencontre partout dans ces questions d’amélioration du sort populaire, d’une instruction appropriée. C’est elle, après tout, qui constitue le meilleur capital. La dextérité de l’intelligence et l’habileté de la main sont les meilleures conditions pour exploiter utilement le fonds confié. Qu’importe que l’on ait à payer 4 ou 5 % quand le talent qu’on a et dont on tire parti rapporte bien davantage ?

Il est nécessaire enfin que les classes aisées se mêlent de ces institutions ; soit pour faire les premiers fonds, soit pour servir de répondants, soit pour s’enquérir par d’attentives informations de la valeur morale des emprunteurs. Le sentiment de la charité pourrait leur en faire une obligation ; le désir de conjurer les révolutions pourrait leur y faire voir un devoir de prudence ; mais rien n’empêche qu’elles ne traitent ce nouveau développement du crédit comme une affaire qui peut devenir fructueuse entre leurs mains. J’en citerai divers exemples.

Parlons d’abord des grandes institutions de crédit qui n’ont pas pour destination particulière de venir directement au secours du travail nécessiteux, et voyons ce qui leur manque pour lui être d’une aussi grande utilité qu’on peut y prétendre, selon nous.

Tandis que la Banque de France ne reçoit que des dépôts trop élevés pour attirer les petites épargnes, et que,