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INTRODUCTION.

der si elle est d’accord avec les deux grands principes de liberté et d’égalité. Voyons donc ce qu’il en est.

Le caractère libéral de l’économie politique se reconnaît à ce caractère éclatant, qu’elle part des droits de l’individu pour aboutir à son bien-être ; à ce signe qu’elle regarde la société non comme un être à part, comme une sorte de pouvoir irresponsable et omnipotent, ayant droit de peser sur l’individu de tout son poids, mais comme la condition et le moyen de développement de la personne humaine. Toute la question de l’accord de la démocratie et de l’économie politique est de savoir si la démocratie moderne accepte ou repousse ces données. Or, qui n’est frappé, au milieu et par le contraste même de tant d’éclipses de la liberté politique, qui n’est frappé de l’attachement profond, persévérant, inviolable, de la société moderne pour la liberté civile sous toutes ses formes, et particulièrement pour la liberté du travail, ce premier dogme de la science économique ? Cette liberté, je ne le nie pas, a encore ses lacunes que je me propose de signaler mais, en somme, elle existe, et je me demande où il y a place dans une société qui en jouit pour ce législateur puissant, pour ce dictateur obéi qui doit nous faire accepter un régime dans lequel nous ne pourrions plus choisir librement notre profession, exercer librement notre industrie. Le prix, nous ne l’ignorons pas, le prix que certaines écoles démocratiques nous proposent en échange de cette liberté qu’on accuse de ne produire que la misère du travailleur, est des plus tentants ; il s’agit tout simplement du paradis sur la terre. Il y a des gens qui affirment, et il y en a qui croient sur leur parole, qu’à