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DE L’ASSOCIATION. — CRÉDIT POPULAIRE.

À défaut de l’accaparement, on demande la main tendue de l’État vers les travailleurs, l’aide efficace donnée par lui à leurs misères par une intervention plus grande dans les institutions qui existent.

N’est-ce pas le lieu de se demander si cette intervention ne nuit pas à ceux même qu’elle voudrait secourir ? N’est-ce pas le lieu de jeter un coup d’œil sur ces institutions de crédit populaire qui se sont établies récemment sous les auspices de l’association, et qui sont les fruits admirables de la liberté organisée ?

L’importance du crédit en tant qu’il peut venir en aide aux classes laborieuses n’a plus besoin d être démontrée. Il peut les favoriser, mieux qu’il ne l’a fait chez nous jusqu’à présent, par les services qu’elles tireront des grandes banques établies en vue de l’industrie et du commerce. Il peut recevoir leurs épargnes par des établissements spéciaux, ce qui a lieu déjà. Il peut, à l’aide d’institutions particulières, leur faire des prêts dans des conditions telles, que ceux qui ont peu ou qui n’ont point de capitaux, mais qui présentent des garanties morales, ne soient pas exclus de ses bienfaits, idée qui reçoit déjà une application très-heureuse et plus étendue qu’on ne pourrait le croire dans quelques contrées de l’Europe. C’est un signe du progrès de la civilisation que l’élément moral soit de plus en plus représenté par le crédit. Qui peut nier que la confiance accrue, que la moyenne plus satisfaisante de la probité publique et de la foi privée, ne figurent comme une des causes de la baisse de l’intérêt qui s’est manifestée dans les temps modernes ? Sans contester le vieil adage Plus cautionis in re quam in persona, le gage personnel peut donc être appelé à prendre une place croissante dans nos sociétés démocratiques. Voilà ce que la science reconnaît de réel dans des utopies que les amis du progrès populaire feront bien d’ailleurs d’abandonner. Qu’ils comprennent, malgré tout ce qu’ont pu écrire là--