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CHAPITRE IX

DE L’ASSOCIATION. — CRÉDIT POPULAIRE.


Les moyens de mettre le crédit à la portée des travailleurs capables et honnêtes font partie des conditions qui assurent dans la pratique la liberté du travail, et c’est encore par l’association que le problème se résoudra.

Ici encore il faut, avant d’aborder la question en elle-même, regarder en face l’idée de l’intervention de l’État.

La raison et l’expérience consultées attestent que cette intervention, plus ou moins voisine de l’absorption, serait funeste, et que bien loin qu’il y ait insuffisance d’intervention de l’État en ce qui regarde le crédit populaire, il y aurait plutôt excès de ce côté comme ailleurs.

Il faut toute l’illusion de l’esprit utopiste pour ne pas voir que charger l’État de faire des avances aux pauvres, ce serait ajouter encore à la dangereuse chimère de l’État créateur et distributeur de la richesse. Si l’État, avec sa bureaucratie si lente à se mouvoir, est incapable d’exercer en général l’industrie et d’entreprendre le commerce, s’il lui est impossible de remplacer ce tact de l’intérêt personnel, cette activité attentive, seule propre à pourvoir aux besoins si nombreux et si variables des sociétés, seule en état de dégager le prix vrai des services, le prix des transactions successives auxquelles le moindre produit a donné lieu avant d’arriver à la consommation, comment donc la même incapacité ne s’appliquerait-elle pas au crédit ? Est-ce que le crédit offre moins de diversité dans les cas