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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

dans lesquels un esprit éminent, libéral parfois jusqu’au radicalisme, M. John Stuart Mill, expose les attributions de l’État. C’est un programme beaucoup plus large beaucoup plus étendu que celui d’Adam Smith et de J.-B. Say et l’on peut affirmer que les intérêts du faible et du pauvre n’y sont pas oubliés, même en dehors du grand moyen de solution que la liberté fournit. Quant à l’association, je n’en dirai ici qu’un mot. L’éloge de ses bienfaits et la revendication de ses droits en présence d’une législation qui y met trop d’entraves sont partis du sein même de l’école économiste. C’était mal prendre son temps d’accuser l’économie politique de se complaire dans un individualisme excessif, mettant aux prises des intérêts de classe et n’ayant point égard à l’amélioration du sort des ouvriers, quand Rossi signalait à l’égard de l’association les lacunes de nos codes, et la recommandait notamment dans l’agriculture sous toutes les formes praticables quand M. Michel Chevalier disputait au socialisme la possession exclusive de ce principe pour le faire pénétrer de plus en plus dans l’économie politique ; quand Frédéric Bastiat, cet ami si chaud et si honnête de la démocratie, développait avec une abondance expansive et persuasive le thème populaire des harmonies du monde du travail, et se faisait le Bernardin de Saint-Pierre de l’économie politique, après s’en être montré si souvent, dans ses pamphlets, le Franklin par la finesse originale du bon sens et le Galiani par la verve piquante du style !

Demander si l’économie politique donne satisfaction à ce qu’il y a de légitime et de bon dans les aspirations démocratiques de notre temps, c’est deman-