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L’ASSOCIATION. — ASSOCIATIONS OUVRIÈRES.

l’association aux sociétés de secours mutuels, aux logements et aux sociétés alimentaires.

IV

Concilier la mutualité avec le sentiment de la responsabilité personnelle, tels sont les termes dans lesquels s’est posé à nos yeux le problème de l’association, problème qui contient encore beaucoup d’inconnu. C’est le chef-d’œuvre de l’association quand, au lieu d’effacer l’individu, comme on le lui a reproché souvent avec raison, elle est employée comme ressort pour le développer. Elle atteint la perfection quand elle le modifie de telle sorte que les efforts de l’individu associé deviennent plus habiles et plus énergiques, ses prévoyances plus longues et plus fermes, ses travaux plus fructueux pour lui-même et pour la communauté. Le succès des associations ouvrières les mieux conçues est à ce double prix de supposer d’abord ces sentiments chez les associés et de les augmenter dans une forte proportion. C’est là ce qui fait le mérite moral et la puissance économique des sociétés de secours mutuels. Ces associations, dont personne ne conteste le mérite et l’avenir, combinent deux idées qui trop souvent apparaissent en complète opposition : l’assistance et la prévoyance, le secours reçu et la dignité personnelle. C’est l’assisté qui, moyennant un faible sacrifice consenti, s’assiste lui-même lorsque le malheur le frappe. Forme savante de l’assurance mutuelle contre la misère, ou du moins contre quelques-uns des embarras qu’elle amène, comme la difficulté de se faire soigner dans la maladie, de suffire aux frais des funérailles, etc. On a même vu là un levier qui, appliqué en sens divers, peut contribuer puissamment à changer la face de nos laborieuses sociétés. On répète qu’il n’y a point de panacée contre la misère, et rien n’est plus vrai. Ce n’est pas seulement l’Évangile, c’est la raison qui