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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

est extrêmement remarquable chez plusieurs de ces associations ouvrières. Il atteste le sérieux de ce mouvement, toute réforme efficace ayant besoin de commencer par la réforme intérieure de ceux qui l’accomplissent. C’est en se rendant digne d’une forme aussi difficile à mettre en pratique qu’on réussira à l’implanter dans le travail, non pas partout, encore une fois, mais dans des proportions auxquelles il est difficile d’assigner une limite précise.

À la fin de l’année 1861, il existait en France une cinquantaine d’associations coopératives tant de crédit que de consommation et de production. Il existe aujourd’hui à Paris 45 sociétés de crédit mutuel. La province participe aussi à ce mouvement. D’après les renseignements que fournit un nouveau journal destiné à lui servir d’organe, l’Association, on compte à Lyon trois grandes associations de productioni ; d’autres associations de teinturiers, de mécaniciens et de tisseurs fonctionnent ou sont en voie de se former. La grande association des tisseurs comprend plus de 1,800 membres, à la tête d’un capital dépassant 80,000 fr. Je sais même gré à ce journal, qui se dévoue avec une foi enthousiaste à l’association ouvrière, d’avoir fait entendre quelques prudentes réserves en disant que le mouvement à Lyon se prononce avec un entraînement, une furia française qui demandera bientôt à être plutôt contenue qu’aiguillonnée. Les associations de consommation sont de 14 ou de 15. Elles comptent de 15 à 1,800 membres. À Saint-Étienne, le mouvement d’association coopérative n’est pas moins sensible. La société des ouvriers rubaniers, constituée le 31 octobre 1863 (sous la raison sociale Dommartin, Laroche et Ce), comprend plus de 1,200 membres et possède un capital souscrit de plus de 600,000 fr. À Roanne (Loire), il y a une association d’ouvriers en cotonnade qui, dit-on, marche bien. À Aix, les ouvriers chapeliers, au nombre de 22, ont fondé une association qui a commencé au 1er janvier 1864 : depuis, de