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L’ASSOCIATION. — ASSOCIATIONS OUVRIÈRES.

La grande association des maçons, également fondée en 1848 sans aucun capital, est à la tête maintenant d’un capital de 250,000 fr.

Les ferblantiers-lampistes ont réalisé un des succès les plus honorables dont puisse se recommander l’association ouvrière, et cela à force d’économie et de travail. Leur association a traversé les plus difficiles épreuves et supporté courageusement les plus dures privations. La société ne comptait que 14 ouvriers en juillet 1849 ; elle en comptait 45 il y a trois ans, avec un actif à reporter qui s’élevait à 74,000 fr. Les ouvriers en pianos offrent une expérience non moins remarquable. Chez eux, le travail est payé aux pièces. C’est une garantie de plus de zèle et d’activité. Il y a en outre une part proportionnelle au bénéfice, réglée par tête et qui, à une époque encore peu éloignée, avait représenté 1 fr. en sus par journée de dix heures. C’est avec une réelle sympathie qu’on suit les péripéties par lesquelles a dû passer l’association, bien modeste d’abord, des tourneurs en chaises. Réduits à un état voisin de la misère, ils ne demandèrent rien pourtant sur le fonds de 3 millions. Nous avons voulu, disent-ils, ne devoir rien à personne et rester libres. Un tel sentiment, courageusement soutenu par une lutte de tous les jours, porta bonheur à l’association. Elle s’accrut d’année en année, et, à mesure qu’elle se développa, elle redoubla de surveillance morale sur ses membres. Ce caractère de moralité qui exclut ou punit tout acte contraire non-seulement à la loyauté la plus scrupuleuse, mais à la tempérance, à la dignité des mœurs au dehors, à la décence des propos dans l’atelier,

    tions ouvrières à Paris. Les observations de l’auteur ont été confirmées par d’autres témoins moins manifestement favorables. On trouve dans les Leçons d’économie politique à Montpellier, faites par M. Frédéric Passy, une remarquable analyse des associations ouvrières.