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INTRODUCTION.

à certains égards par ce qu’on voyait, mais fort exagérée par la philosophie et par la politique de l’époque que les gouvernements sont les auteurs de tous les maux dont souffre le genre humain, comme si les gouvernements n’étaient pas avant tout l’image et le fruit des sociétés elles-mêmes, comme si les sociétés étaient étrangères à leurs vertus et à leurs vices soit que bons elles les soutiennent, soit que mauvais elles les tolèrent. L’économie politique avait des raisons particulières de céder à cet irrésistible courant d’idées. La vicieuse organisation du travail, un impôt établi sans justice, perçu sans humanité, montraient assez de quels péchés s’était couvert le principe d’autorité dans sa longue histoire économique. Il y eut donc réaction tout à la fois naturelle et excessive contre l’association et contre l’État.

Comment ne me hâterais-je pas de dire que ces griefs ont été exploités sans mesure par une certaine démocratie, amie de l’association mal comprise et de l’État omnipotent ? … Comment n’ajouterais-je pas qu’en ce qu’ils purent avoir de fondé jusqu’à un certain point ces mêmes griefs perdent de jour en jour de leur réalité ? Comment n’ajouterais-je pas enfin qu’ils en avaient beaucoup perdu déjà au moment même où ils retentissaient, il y a de cela une quinzaine d’années, avec le plus d’ensemble et de fureur ? Si l’on veut s’assurer aujourd’hui que la portion même la plus libérale de l’école économiste n’appellerait plus le gouvernement un ulcère et ne réduit plus les attributions de l’État à des fonctions toutes négatives, on n’a qu’à lire les chapitres