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L’ASSOCIATION. — ASSOCIATIONS OUVRIÈRES.

l’association de leurs petits capitaux et dans la combinaison de leurs efforts les éléments d’un succès. On a soutenu que l’industrie morcelée, que celle du moins qui se contente d’un très-petit nombre d’auxiliaires, pouvait seule s’accommoder de ce régime. C’est encore vrai pour la généralité des cas. Pourtant les exemples de Leeds et de Rochdale, dans lesquels il s’agit de filatures occupant une masse d’ouvriers, s’opposent encore à cette déclaration d’impossibilité absolue. N’oublions pas aussi que, même dans la grande industrie, on voit à côté d’immenses manufactures exister et se développer de petits ateliers. Il faut conclure seulement que l’association ouvrière, déjà difficile quand il s’agit d’un petit nombre d’ouvriers dans la petite industrie, l’est beaucoup plus quand il s’agit d’une masse considérable d’hommes dans l’industrie manufacturière, où le besoin de l’unité parfaite dans la direction et la présence d’un fort capital se font sentir plus particulièrement.

L’association ouvrière n’est donc pas impossible, et plus se répandront la moralité, l’instruction, la capacité professionnelle, l’intelligence des conditions auxquelles a été mise la réussite des entreprises, plus on conçoit qu’elle puisse tenir, de place dans le travail.

On demande en second lieu si l’association ouvrière est désirable. Il est difficile de ne pas répondre affirmativement, à condition qu’elle ne soit pas, qu’elle ne vise pas même à être une forme absorbante pour l’industrie, ce qu’une foule de raisons rend impossible. Si l’association met plus fortement en jeu la responsabilité, contribue à développer le goût du travail et des habitudes d’ordre, il n’est pas douteux qu’un certain degré d’extension de cette forme de travail ne soit un bienfait pour l’industrie, pour les associés, pour le pays lui-même. Or, comment nier que l’ouvrier travaillant à ses risques et périls ne soit autrement stimulé que l’ouvrier salarié ? Il a au succès de