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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

peu exclusifs peut-être de l’école économiste, c’est-à-dire d’une école encore assez jeune pour avouer ses torts si elle en a eu, et, ce qui vaut mieux, pour les réparer, je parlerai du passé beaucoup plus que du présent. L’économie politiqde s’est formée il y a un peu plus d’un siècle en face et en haine de l’association forcée. C’était de l’association forcée que les anciennes corporations d’arts et métiers, avec leurs jurandes et leurs maîtrises. Dans l’ordre civil et surtout religieux, quels abus de l’association n’avait pas vus se produire l’ancien régime ! L’association ne rappelait presque plus au XVIIIe siècle que les souvenirs de la contrainte et le spectacle de la corruption. La liberté individuelle, au contraire, livrée à ses propres forces, apparaissait inviolable comme l’idée même du droit, et pure d’excès comme ce qui n’avait pas encore beaucoup servi. Qu’à côté de l’exercice de ce droit sacré que les économistes eurent mille fois raison de revendiquer et de regarder comme le fondement de toute société et de tout ordre, de ce droit qu’aujourd’hui et toujours ils défendront en face de ses ennemis déclarés ou de ses inconséquents amis, qu’à côté de ce droit il pût y avoir des associations pour la production, pour la consommation, pour la charité, pour le capital, pour le crédit, l’économie politique naissante s’en montra peu préoccupée. On a même pu considérer comme conçu sous son inspiration le fameux décret de l’Assemblée constituante de 1791, qui interdisait aux maîtres et aux ouvriers de se réunir, était-il dit, pour s’entendre en vue de leurs prétendus intérêts communs. De même, c’était une opinion très-répandue alors, opinion motivée