Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

tion, nul n’en peut en avoir plus de cinq. Le surplus des fonds figure en compte courant au crédit personnel du dépositaire jusqu’à la limite de 2,500 fr. qui est un maximum. L’intérêt payé par l’association est de 5 0/0. Le retrait des fonds peut avoir lieu immédiatement jusqu’à 62 fr. 50 c. ; au-dessus il y a des délais fixés, selon l’importance de la somme. Acheter en gros, revendre en détail et au comptant, à un prix modéré, et en donnant toute sécurité à l’acheteur sur le poids et la qualité, voilà tout le secret de l’entreprise. Par une mesure aussi habile que fraternelle, l’association a su s’assurer la clientèle et la coopération de beaucoup d’ouvriers endettés. Elle a payé leurs dettes en leur faisant des avances qu’ils ont remboursées avec une scrupuleuse ponctualité pour la partie convenue. L’autre partie devait être payée par des retenues sur les dividendes de ces nouveaux associés. Une autre idée originale est venue enfin compléter le succès de l’association. Le simple fait d’acheter à l’association devint un titre constaté par un reçu à une part dans les bénéfices, qui fut proportionnelle à la quantité des achats. Il suffit d’avoir versé la somme obligatoire de 25 fr, pour acquérir cet avantage, qui ne laisse pas que d’être très-fructueux ; plus d’une fois, en effet, une part de 12 0/0 pour payer un trimestre est échue à une famille ayant acheté pour 100 fr. En laissant la somme au crédit de leur compte dans l’association, des acheteurs se trouvent posséder 12 à 1,500 fr. Telle est pour ainsi dire toute l’économie de cette association ouvrière qui attire aujourd’hui l’attention du monde civilisé : elle compte plus de 4,000 associés ; son capital dépasse 1 million. Pourtant ce merveilleux résultat n’épuise pas encore l’histoire du succès de l’association de Rochdale. Du commerce elle passa à la manufacture, non sans d’assez graves difficultés au début, qui furent surmontées avec la même sagesse, la même fermeté, le même bonheur. Elle eut d’abord un moulin. En 1856, elle y