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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

tesques, celles de Preston, de Manchester, de Glascow, de Colne, de Londres, la grève récente du pays noir et tant d’autres, les ont rendues célèbres même chez nous. Sans doute les Trades Unions donnent aussi des secours à leurs membres malades : mais, dans l’immense majorité des cas, leurs fonds sont attribués aux secours en cas de chômage, et lorsque le chômage a été ordonné par le comité même de l’union. Sans doute encore, depuis quelques années surtout, elles se préoccupent, elles aussi, pour la plupart, de certaines conditions de moralité chez les travailleurs qu’elles incorporent : ceux-ci ne franchissent guère le seuil des Workhouses et ils sont frappés d’exclusion s’ils ont forfait à la probité : mais ces analogies ne sont que partielles, Somme toute, il faut mettre les Friendly Societies fort au-dessus des Trades Unions. Tout ce qui est enlevé aux grèves, dont les ouvriers anglais tendent à s’éloigner, et que l’expérience leur a appris à juger comme des déceptions douloureuses, ôtera de leur raison d’être à ces formidables associations qui, au nombre de 2,000 il y a peu d années, comprenaient environ 600,000 membres et disposaient d’un fonds de 300,000 liv. st.

Si elles rapprochent les individus associés, de telles associations ne créent pas entre eux cette solidarité intime, quotidienne, permanente, de travailleurs, s’engageant de leurs personnes dans le succès d’une même entreprise. Il existe aussi des associations de ce dernier genre en Angleterre et en France. Partons-en plus à loisir.

II

L’association ouvrière qui en Angleterre a fait le plus de bruit est celle des Équitables pionniers de Rochdale. On ne saurait trop rappeler comment cette association, formée durant l’hiver de 1814, de vingt pauvres tisserands presque sans pain, et qui eut tant de peine, avec les économies