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INTRODUCTION.

Que le malentendu qui existe entre la démocratie et l’économie politique tienne surtout aux idées inexactes que se forment certaines écoles se donnant le rôle, comme par privilége, de représenter la démocratie aux yeux du monde, voilà qui n’est que trop certain. Rien n’est plus faux que les notions qu’elles adoptent touchant les principes fondamentaux et les conditions essentielles de la société. Lorsqu’elles accusent l’économie politique de sacrifier l’intérêt démocratique à des intérêts de privilége, il faut faire avant tout attention à ce qu’elles entendent par ce terme de privilége. Lorsqu’elles accusent l’économie politique de se montrer individualiste, point assez favorable à l’association, il faut bien savoir avant tout ce qu’elles veulent dire par association et individualisme. Les mots changent de sens suivant les écoles. Lorsque quelques-unes de ces écoles récriminent contre l’individualisme, prenez garde si ce n’est pas la liberté, la liberté elle-même qu’elles écrasent. Lorsqu’elles recommandent l’association, j’entends l’association des ouvriers entre eux, se passant de patrons et se gouvernant en républiques industrielles, idée contre laquelle nous n’avons pas d’objection absolue et à laquelle nous ferons largement sa part, voyez si par hasard ce ne serait pas quelquefois le communisme qu’elles proposent. Mais ces écoles doivent-elles seules porter tout le poids de la critique ? L’école économiste n’a-t-elle point eu quelque part dans ce malentendu ? Dieu nous garde d’imiter ici l’écrivain célèbre qui, sous le nom de Confessions d’un Révolutionnaire, a confessé tous ses amis, excepté lui-même. Si j’avoue certaines lacunes, certains côtés un