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CHAPITRE VIII

L’ASSOCIATION. — LES ASSOCIATIONS OUVRIÈRES.


I

L’homme n’est pas seulement un individu libre et responsable, il est aussi un être sociable. Cette sociabilité prend dans le travail une foule de formes. Ce qu’on appelle la division du travail en est une. Bien loin d’être un témoignage de l’isolement de l’individu, elle crée entre toutes les tâches et entre tous les travailleurs une vaste solidarité. L’échange est la manifestation économique la plus éclatante de la sociabilité. Mais il est des formes de la sociabilité dans le travail plus spéciales et plus particulièrement adaptées aux sociétés démocratiques. C’est de celles-là que je voudrais parler. Reconnaître, constater la puissance de l’association, en recommander l’usage est un des principaux objets que je me suis proposé.

Voici ce qu’écrivait il y a environ trente ans un publiciste éminent : « S’il y a dans l’homme un principe d’indépendance personnelle, il y a aussi un principe non moins puissant et non moins sacré de fraternité et de secours mutuel : le vrai, le bien, l’utile, se trouvent dans l’harmonie de tous les principes de notre nature sous l’empire de la raison. » Et le même publiciste ajoutait : « Dans les sociétés modernes, l’individu est trop isolé, trop concentré en lui-même ; cette même fierté qui l’isole, l’affaiblit, et cette même indépendance personnelle qui l’élève,