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L’ÉCONOMIE POLITIQUE ET LA DÉMOCRATIE.

sonne humaine, quelles que soient la race, la couleur, la croyance. Sous les diversités et les inégalités, elle retrouve une nature humaine identique chez tous et fonde l’égalité des droits sur cette identité. La philosophie veut que l’homme se développe, que l’individu s’élève à toute l’excellence et à tout le bonheur dont il est capable. Elle exalte la sociabilité, la fraternité. Elle entretient dans le cœur des hommes l’idée du droit. Elle attaque les injustes distinctions, les odieux priviléges. Elle pousse, en un mot, à l’aide des moyens qui lui sont propres, c’est-à-dire par la lumière et le raisonnement, vers l’égalité et la liberté.

L’immense création qui s’est faite de richesse mobilière, depuis trois siècles, par l’industrie et le commerce, a eu des résultats analogues. Elle s’est posée en rivale de la propriété foncière féodale, née de la conquête et mère des privilèges. Le travail avec son activité incessante, le besoin de liberté qui l’anime et la diffusion rapide des biens qu’il crée, est un plus grand démocrate encore que l’esprit humain avec ses idées d’égalité et d’indépendance.

On a voulu voir dans l’économie politique un autre esprit que celui-là, un esprit favorable aux riches, aux maîtres, plus qu’aux ouvriers et aux pauvres. Cette opinion n’a pas perdu tous ses défenseurs. Démontrer que l’économie politique est favorable à l’intérêt populaire, à l’intérêt des masses, sans acception injuste de forts et de faibles, de capitalistes et de travailleurs, est une œuvre qui reste éminemment utile et qu’il est bon d’aborder une fois de front.