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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

Mais c’est particulièrement sur l’emploi des moyens préventifs pratiqués par le même administrateur pour faire cesser la mendicité, qu’a été appelée l’attention des personnes compétente : Ces moyens, couronnés de succès dans un important département, semblent se recommander d’ailleurs par leur simplicité. Ils consistent, pour chaque commune du département où il n’existe pas de bureau de bienfaisance organisé, dans l’établissement d’une commission charitable chargée de rechercher les individus ayant droit par leurs misères, par leur âge ou par leurs infirmités, à l’assistance communale. Le maire et le curé font de droit partie de ces commissions. L’action de ces commissions, dit M. de Magnitot, doit « se manifester régulièrement et conformément à des écritures suffisantes pour mettre à couvert la responsabilité des ordonnateurs, sans que toutefois l’aridité et les exigences de la bureaucratie viennent lui enlever ce caractère de bienveillance et de consolation qui donne tant de prix à l’aumône individuelle. » Toutes les ressources formant ce fonds commun émanent de la charité locale, qui s’est traduite, pour le département, par un chiffre annuel de 242,381 f., c’est-à-dire à peu près un sixième de la somme d’un million et demi environ perçue annuellement par la mendicité libre sur les populations du département. Ces ressources sont concentrées dans chaque commune, sans possibilité d’en détourner la moindre partie au profit d’une ou plusieurs communes voisines moins bien partagées. Un recensement spécial, fait en 1854, du nombre des mendiants existants dans la Nièvre, avait donné les résultats suivants : nombre des mendiants valides, 1,433 ; nombre des mendiants invalides, 2,789 ; total, 4.222. Dans cette dernière catégorie des mendiants invalides ne figuraient pas les pauvres honteux, les nécessiteux et les indigents qui, reculant devant le recours à la mendicité pour obtenir le soulagement de leurs misères, acceptaient avec