caces qu’impitoyables, et qui n’empêchaient pas Vauban d’écrire vers 1698, au sortir des guerres qui avaient épuisé le pays, qu’un dixième de la population en France était réduit à la mendicité et mendiait effectivement. Sous l’Empire, on admit en principe qu’avant de réprimer la mendicité comme un délit, il fallait lui offrir le travail comme un secours. Un décret du 5 juillet 1808 ordonna qu’un dépot de mendicité ou maison de travail pour les mendiants serait créé dans chaque département, et, dans l’espace de quatre années seulement, quatre-vingts de ces établissements furent fondés dans autant de départements. Quels abus n’ont pas produits ces institutions ! Quelles plaintes n’ont-elles pas fait naître ! Les ressources budgétaires locales n’y suffisaient pas. Elles offraient un spectacle pénible à voir. On leur reprochait amèrement de faire une concurrence ruineuse au travail libre. Les dépôts ont été successivement fermés, et il en subsiste aujourd’hui très-peu. Est-ce une institution qu’il soit impossible de faire fonctionner d’une manière satisfaisante ? Un habile administrateur répond que le dépôt de mendicité de Nevers a heureusement résolu la question[1]. Ce dépôt aurait, grâce au concours actif de la charité privée, agissant par souscription et complétée par les ressources de l’impôt, réussi à occuper utilement et à réformer efficacement un certain nombre de mendiants. Un intelligent mélange de sévérité et de bonté, l’emploi de tous les moyens de discipline, de travail fructueux, d’instruction religieuse, l’encouragement à la formation d’un pécule, auraient accompli, sauf un certain nombre d’exceptions rebelles, ce beau résultat qui s’indiquerait ainsi comme un modèle a suivre par l’administration départementale.
- ↑ De l’assistance en province, cinq années de pratique, par M.de Magnitot, préfet de la Nièvre, p.87 et suiv. Cet ouvrage a été couronné par !’Académie des sciences morales et politiques.