Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET L’ASSISTANCE.

une société démocratique. Les meilleures formes de l’assistance, les seules qui soient compatibles avec la liberté et la dignité des travailleurs, sont celles qui tendent à redoubler l’activité et à éclairer la marche des libres efforts. La société doit au travailleur, non comme une dette stricte et obligatoire, mais comme une dette de générosité et de civilisation, l’avance de l’instruction, et, toutes les fois que faire se peut, celle du crédit. Sous d’autres formes moins parfaites, l’assistance peut avoir encore sa place indispensable, mais comme une sorte de pis-aller. L’économie politique, qui se défie de ces formes sans les proscrire toutes, sans même vouloir en supprimer la plupart, pourvu qu’on les manie avec le plus de prudence et de circonspection possible, l’économie politique compte sur d’autres moyens plus efficaces pour améliorer le sort des classes populaires. Elle compte sur l’organisation des institutions de prévoyance et d’épargne. Elle compte sur l’instruction des travailleurs, qui les rend meilleurs producteurs, sur leur économie et leur bonne conduite, sur la liberté et la sécurité, sur le développement du travail et des transactions qui, en Angleterre, depuis l’abolition des lois prohibitives et ultra-protectrices de l’industrie et de l’agriculture dites nationales, auxquelles elles apportaient plus d’entraves que de secours, a contribué dans une si forte mesure à diminuer la mortalité et la criminalité dans les classes ouvrières.

Nous n’aurions pas achevé de traiter de l’assistance dans ses rapports avec la démocratie et avec la liberté du travail, si nous n’ajoutions quelque chose sur une des plaies qu’il importe le plus de voir disparaître dans une société démocratique laborieuse et digne, la mendicité, et sur un moyen d’assistance qui paraîtrait devoir mieux se concilier avec le travail et la dignité individuelle, quoique l’expérience qu’en ont faite les sociétés dans les moments où la démocratie était le plus en faveur n’ait pas répondu