Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
INTRODUCTION.

Dans l’Église, en effet, la naissance fut longtemps comptée pour rien ; elle n’obtint qu’une importance secondaire, même quand l’Église, mal inspirée dans sa politique, eut le tort peut-être inévitable, mais qu’en tout cas elle expie encore, d’identifier ses intérêts avec ceux du siècle et de se confondre avec une organisation civile vicieuse à beaucoup d’égards et antichrétienne. Quel spectacle plus démocratique que celui d’évêques et de papes sortant de la masse du peuple, que celui de l’élection devenue le signe de l’égalité, et que celui de ces fils de serfs mettant le pied sur la tête des seigneurs et sur celle des rois ! Le caractère démocratique de l’Église se retrouva dans

la plupart des membres du clergé, et surtout du clergé inférieur, qui siégèrent à la Constituante en 1789, et qui se montrèrent les plus empressés aux réformes et les plus prompts à les rattacher à l’esprit de l’Évangile. Enfin le christianisme avait développé ses conséquences civiles avec les puritains des colonies américaines. La liberté et la démocratie aux États-Unis sont les fruits incontestables et incontestés du principe chrétien.

Si la démocratie, prise dans son sens social, a ses origines chrétiennes, ce n’est pas à dire qu’elle n’ait aussi ses origines dans les idées philosophiques, et, d’autre part, dans le mouvement général de l’industrie et de la richesse. Le principe de liberté n’a pas cessé depuis le XVIIe siècle, sous une forme ou sous une autre, d’être revendiqué par les philosophes. Descartes le réclame pour la pensée pure. Montesquieu l’introduit dans la philosophie politique. Voltaire s’en fait le défenseur pour l’universel examen. La philosophie proclame l’inviolabilité de la per-