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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET L’ASSISTANCE.

ventes, destinée à l’amélioration des services, a été nécessaire et intelligente. Mais il y a eu exagération. M. Husson nous apprend que les ventes effectuées depuis vingt-cinq ans, compensation faite des remplois, se soldent par un déficit important.

L’expérience est d'accord avec la science pour établir que, comme patrimoine d’une administration perpétuelle, les immeubles valent mieux que les rentes. Les immeubles se gardent et s’augmentent ; la rente, dans les temps ordinaires, elle se déprécie, dans les temps prospères, on la convertit, dans les temps d’imprévoyance, on la vend, dans les temps de désordre, on la consolide. La conversion vient de coûter aux hospices de Paris 1 million 700.000 fr. Le cordonnier Geoffroy et sa femme Marie, en donnant leur maison de la Boule-Rouge, en 1261, ont assuré aux hospices plus de 6 millions. Une rente de 100 fr. en 1720, vaut aujourd’hui moins de 15 fr. …

… L’administration de l’assistance publique se compose, en résumé, de trois parties : des établissements internes, des secours extérieurs, un domaine considérable. La nécessité des hôpitaux est facile à justifier ; ils valent moins que la famille pour la morale, ils valent mieux pour la guérison ; ils doivent se réduire de plus en plus aux maladies graves, les autres sont mieux secourues à domicile. Quant aux hospices, on fait bien de les transporter hors Paris, on fait mieux encore de les transformer en secours à domicile. Je n’aime pas ces grandes casernes de 3.000 femmes, où l'être humain n’est plus connu que par le numéro de son grabat. Je voudrais que la prévoyance, la famille et le secours à domicile finissent par tuer l’hospice. Toutefois, reconnaissons que notre siècle doit bien quelque chose à ses septuagénaires. Nés au milieu de la première Révolution, jeunes au moment de la troisième, hommes faits à l’époque de la cinquième, gagnant la soixantaine quand éclata la sixième, vraiment les vieil-