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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

un progrès. On est fondé aussi, et ceci n’intéresse pas seulement la charité, mais l’administration et les finances, à demander la cause de l’écart vraiment énorme qui a lieu entre les bureaux de charité des différents départements quant aux frais dits de bureau. D’où vient qu’en 1853, dans le Puy-de-Dôme, sur une somme de 100 fr. affectée aux secours, les frais de bureau ont absorbé 41 fr. 50 c., tandis qu’en Corse la même dépense n’a été que de 3 fr. 84 c. ? D’où viennent des écarts moins sensibles, mais bien graves encore, entre d’autres départements  ? N’est-ce pas un fait dont l’administration doit sérieusement se préoccuper ? La moyenne même en frais de bureau, qui dans toute la période a été de 22 fr. 31 c. pour 100 n’est-elle pas beaucoup trop élevée ?

L’assistance publique a donc encore en grande partie à se mettre d’accord avec les principes de l’économie politique, avec la liberté par conséquent. Il y a là trop de centralisation, trop de services remis entre les mains de l’autorité.

Un écrivain des plus compétents dans ces questions d’assistance[1] comme administrateur et comme publiciste, exprime la même opinion avec des détails qui concourent directement à établir notre thèse :

« N’est-il pas permis dit-il, de se demander si l’on ne pourrait pas, en décentralisant au lieu de tendre toujours à centraliser, laisser à certains arrondissements riches le soin de se créer des ressources et de secourir, je dirais presque d’éteindre la misère sur leur territoire, pendant que l’administration centrale porterait toutes ses forces sur les quartiers qui ont la pauvreté pour unique habitant  ? Paris est assez riche pour supprimer la misère dans

  1. M. Augustin Cochin, à propos du compte rendu de l’assistance, par M. Armand Husson, l’habile et savant directeur de ce service.