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CHAPITRE VII

LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET L’ASSISTANCE.


Une même vérité domine les enseignements de l’économie politique et préside aux destinées de la vraie démocratie, c’est à savoir que la société n’existe pas pour étouffer, mais pour développer la personne humaine ; c’est que l’État ne doit ni ne peut tout faire, c’est qu’avant lui et au-dessus de lui il y a la liberté individuelle et la justice dont il est le gardien et le défenseur, c’est que la substitution de l’autorité dans la propriété et dans l’industrie à l’individu, injuste en droit, est en fait une cause d’appauvrissement et de ruine, une cause d’oppression pour le travail et pour les travailleurs, s’autorisât-elle du nom sacré de la charité ! La société est le moyen et le milieu du perfectionnement individuel ; c’est à ce perfectionnement que se mesurent la morale et la richesse d’une nation. Qu’est-ce en effet qu’une société sinon la collection des individus qui la composent ? Le prétendu droit social, mis à la place du droit individuel et pouvant le façonner à son gré, n’est qu’une chimère dégradante, un prétexte à la tyrannie qui se résoudrait pour les masses en privations, en abaissement de tout genre.

C’est à ces règles que doit être ramenée, dans les sociétés démocratiques surtout, la question de l’assistance.

Je me bornerai à rappeler qu’entre les devoirs de justice et les devoirs de charité il existe une différence essentielle dont l’oubli forme le fonds des systèmes par lesquels on égare plus d’une fois les généreux instincts de la démocratie. La justice peut être imposée par la force, et non la charité, essentiellement libre et spontanée. La justice for-