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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

dans une foule de questions analogues, il ne s’agit pas de renoncer à la liberté, mais d’apprendre à s’en servir, et le seul moyen, c’est de l’éclairer.

IV

Le décret récent sur la liberté des théâtres se rattache aussi à l’émancipation du travail, il est une preuve nouvelle que le système réglementaire et préventif perd chaque jour une partie du terrain trop étendu qu’il occupe encore dans notre société issue de 1789. Comment ne pas s’en applaudir ? La liberté économique est, nous l’avons dit déjà, une des faces de la liberté civile.

Sous ce rapport, le décret sur la liberté de l’industrie théâtrale a fait disparaître, hâtons-nous de le dire, des gênes peu justifiées et des anomalies tout à fait choquantes. En laissant chacun libre d’ouvrir un théâtre sous la simple condition d’en faire la déclaration et de se conformer aux règlements de police, on a cessé d’entraver un genre de travail pour lequel nulle raison n’autorise le législateur à se montrer armé d’injustes exclusions. N’est-il pas en effet naturel et légitime, dans une société ou le goût des représentations théâtrales est extrêmement développé, que l’esprit d’entreprise se porte de ce côté, comme il se porte vers la satisfaction d’autres besoins à ses risques et périls ? On doit approuver par cette raison l’abolition de la redevance payée par certaines scènes secondaires à d’autres théâtres. Cette redevance constituait une des formes les plus blessantes du privilége, une des entraves les plus fâcheuses pour les entreprises théâtrales. Il y a bien longtemps qu’à Paris et dans les départements les spectacles de curiosité et les cafés-concerts se plaignent d’être l’objet de vexations fort légales sans doute, mais très-pénibles et très-préjudiciables à ceux qui les subissent. L’article qui ôte leur caractère de monopole aux réper-