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LIBERTÉ DE COALITION

tion de la loi s’exercera plus favorablement et plus efficacement en facilitant la création de chambres syndicales composées mi-partie de patrons, mi-partie d’ouvriers. Il y aurait là comme un gouvernement représentatif du travail. Les questions de salaires s’y débattront avec plus de maturité, de compétence, d’efficacité, que dans le choc tumultueux de masses compactes aux prises avec un capital blessé à la fois dans son amour-propre et dans son intérêt. Ne peut-on aussi établir des moyens de publicité qui fassent connaître aux ouvriers l’état des salaires dans les diverses localités, de manière à favoriser les déplacements du travail ? – Il y a là aussi une question de morale. Rien ne dispense en effet les entrepreneurs ni leurs auxiliaires salariés de ces sentiments d’équité, de modération, de bienveillance qui abrègent les conflits ou les empêchent de se développer. Enfin, c’est encore ici le lieu d’invoquer l’instruction. Sans doute, il y a une école sur les leçons de laquelle on peut compter à la longue, l’Angleterre le prouve, c’est l’expérience. Mais combien ces leçons-là coûtent cher ! L’instruction des classes ouvrières, coïncidant avec l’élévation des salaires, fruit naturel de l’accroissement de l’industrie, pourra beaucoup pour épargner aux ouvriers d’aussi cruels enseignements. Si l’on avait pris soin de leur faire connaître, à l’aide de quelques notions très-simples et très-élémentaires, le rôle des machines, l’accroissement que ne tardent pas à en recevoir d’ordinaire le nombre et la rétribution des travailleurs, peut-on croire raisonnablement qu’il n’y aurait pas eu moins de coalitions contre les machines et aussi moins de machines brisées ? Si on leur apprenait de même à quelle loi économique obéit la formation des salaires, contre quelles nécessités luttent souvent avec beaucoup de peine les entrepreneurs d’industrie, n’est-il pas à croire aussi que le nombre des coalitions déraisonnables, pour obtenir une paye plus élevée, diminuerait ? Ici, comme