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LIBERTÉ DE COALITION

de la liberté de l’industrie et du commerce est une garantie de l’innocuité de la liberté nouvelle, qui ne s’est jusqu’à présent révélée par aucun inconvénient. L’industrie de la boulangerie ne pourra devoir qu’à la liberté de sortir de sa situation misérable de gêne et d’infériorité ; elle trouvera dans la concurrence dans la mécanique, dans les perfectionnements qu’indique la science, dans une rémunération proportionnée à ses nouveaux efforts les éléments de progrès qui lui font aujourd’hui défaut. Les boulangers y gagneront, ils y gagnent déjà ; le public aussi, le public, intéressé à tous les progrès. Espérons qu’on a renoncé à tout jamais à des mesures qui ne font que flatter et entretenir les préjugés de la classe la plus arriérée de la population.

III

Le droit de se coaliser résulte de la liberté du travail, qui serait mensongère ou incomplète si l’ouvrier ne pouvait à volonté donner ou refuser son concours. C’est dire assez qu’un tel droit ne saurait être tourné contre la liberté du travail elle-même. C’est pourtant ce qui arrive lorsque les coalitions se manifestent par des violences ou des menaces exercées à l’égard des chefs d’industrie, et lorsqu’elles se forment par une pression tyrannique sur les ouvriers eux-mêmes. En dehors de ces écarts, contre lesquels la loi reste armée, la liberté des coalitions n’est qu’un cas particulier et une application de la liberté des transactions, liberté illusoire si les patrons ne peuvent s’entendre pour fixer les salaires, et si les ouvriers ne peuvent se concerter également à cet effet. N’est-ce pas cette mise en présence des deux intérêts rivaux qui donne à la loi de l’offre et de la demande toute sa sincérité ? Si l’intérêt des chefs d’industrie n’avait pas de contre-poids, est-ce les calomnier de croire que souvent ils tendraient à