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LIBERTÉ DE LA BOULANGERIE

confirmée par le Consulat, qui l’établit la taxe malgré le ministre de l’intérieur et sans l’avis du Conseil d’État. Payer le pain au-dessous du cours, c’est une chimère, et si cet avantage pouvait se réaliser, qui ne voit que ce serait au prix d’une iniquité et d’un danger ? On ne saurait y prétendre, en effet, sans imposer soit au producteur de blé, soit au marchand de farine, soit au meunier, soit au boulanger, un préjudice décourageant. Et comment ne pas tendre ainsi à la cherté, contre le but qu’on se propose  ? Veut-on empêcher ce résultat facile à prévoir, on ne peut y arriver que par des systèmes de compensation compliqués et coûteux, ayant pour objet de faire payer moins à certaines époques au consommateur ce qui vaut plus, sauf à lui faire payer ensuite plus cher ce qui vaut moins. Ce système de compensation forme, on le sait, le but de la Caisse de la boulangerie. Cette combinaison dont je ne conteste pas le mérite à titre de combinaison ingénieuse, non plus que les excellentes intentions, n’en est pas moins condamnable. On a allégué justement contre elle qu’elle attire par l’appât d’un bon marché tout local les populations voisines, lesquelles échappent plus tard à la surtaxe en cessant d’aller acheter leur pain dans le lieu où il est vendu au-dessus du cours ; que, dans ce dernier cas, ce sont les populations surtaxées qui vont s’approvisionner en partie dans les départements limitrophes. Ce système de réglementation imposait, selon de récents calculs, au public parisien un sacrifice annuel au moins de 9 millions, et de 18 millions environ en temps de cherté. Ce qui achève de le condamner, c’est que l’autorité n’a aucun moyen quoi qu’elle fasse, pour constater les quantités de farine consommées par les boulangers. Il en résulte qu’en temps de cherté la Ville paye au boulanger plus qu’elle ne doit, et en temps de bon marché, reçoit moins qu’on ne lui doit. En résumé par million de consommateurs et par centime d’écart, là Ville a