Page:Baudrillart - La Liberté du travail, l’association et la démocratie.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
LIBERTÉ DE LA BOULANGERIE

et devant une expérience de six années. On le voit le régime nouveau est bien la liberté du commerce ; il est même à peine fiscal, afin de ne pas risquer de devenir protecteur. Une seule disposition subsiste qui nous paraît empreinte d’un esprit et d’un degré fâcheux de protectionnisme, ce sont les droits différentiels maintenus sur les importations par navires étrangers, en faveur, comme on l’a dit fort à tort, de notre marine nationale. En ce moment, c’est une restriction fort menacée. Pourquoi aussi cette distinction très-peu rationnelle entre les provenances d’un pays d’Europe et des pays hors d’Europe, comme si le besoin qu’on a du blé s’en souciait, comme si les prix élevés et les frais de transport n’étaient pas une protection suffisante pour nos producteurs ? Ces taches devraient immédiatement disparaître. Elles disparaîtront d’ici peu, selon toute apparence. En dépit d’elles, on peut dire que la France est entrée en possession de la même législation libérale pour les denrées agricoles, qui régit l’Angleterre, la Hollande, la Belgique, la Suisse, les États-Sardes, le Zollverein et la Russie.

II

La liberté de la boulangerie est le complément d’autres mesures du même genre prises par le gouvernement, telles que l’abolition des réserves qui vient d’être proclamée pour les villes autres que Paris, telle que cette suppression dont nous venons de parler de l’échelle mobile, dont l’inutilité et les inconvénients pour l’agriculture et pour les consommateurs ont été enfin reconnus, malgré les apparences qui avaient séduit trop longtemps le législateur. C’est une nouvelle preuve, non moins significative que les autres, quoiqu’elle soit encore rendue incomplète par quelques mesures restrictives, de l’abandon de cette pensée arriérée et funeste que pour les subsistances le gouvernement