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LA LIBERTÉ DU TRAVAIL ET LA DÉMOCRATIE.

déficit d’un dixième dans la récolte augmente le prix dans une proportion fort supérieure à ce dixième ; quelques économistes n’évaluent pas, dans ce cas de déficit d’un dixième de la récolte à moins d’un cinquième l’augmentation dans les prix des céréales. Or, la houille et le fer sont l’aliment indispensable de l’industrie. Ceux qui les produisent étant sûrs de placer leurs produits, les prix prennent des proportions énormes quand le travail est un peu vivement aiguillonné. On veut en avoir coûte que coûte pour ainsi dire. Ainsi, par ce fait seul que la concurrence est limitée par le nombre des exploitations, le producteur a ici un avantage marqué sur l’acheteur. Que sera-ce si au monopole naturel s’est venu joindre le monopole artificiel par un système de fusions qui amortit singulièrement la concurrence intérieure elle-même ? Les exploitations étaient naturellement bornées. On a de plus limité, par une habile entente, le nombre des exploitants. Qu’importe ici qu’on objecte que dans beaucoup de cas ce soit le propriétaire de forêts et de mines de fer de haute qualité qui profite pour la plus grande part de l’élévation des prix ? Est-ce avec ce système que l’on pouvait atteindre un suffisant développement des exploitations ? Est-ce un tel système qui pouvait garantir sérieusement le droit de l’acheteur, l’intérêt du consommateur qui est tout le monde, et celui de cette foule d’industries qui ne peuvent se passer de fer et de houille ?

Travailleurs de toutes les industries, est-ce assez de toutes ces causes de renchérissement ? Ce système dit protecteur qu’on vous vante, en avons-nous assez marqué à ce seul point de vue les défauts ? Disons encore un mot du fer. Précisément parce que la denrée est rare et que dans les temps ordinaires (à plus forte raison dans les temps de prospérité et de travail) on se la dispute vivement, les établissements le plus mal situés, le plus