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LA LIBERTÉ DU COMMERCE ET LES OUVRIERS

limitées dans leurs moyens de production (nous ne disons pas absolument limitées) ; les autres le sont moins. Il est très-vrai qu’on ne produit pas de la houille et du fer comme on produit des filés, des tulles et des mousselines. Mais est-ce à dire que dans les industries extractives elles-mêmes, les bornes de la production ne puissent pas être reculées de manière à satisfaire d’une manière plus large aux besoins sans cesse accrus de la consommation ? Pour la France, c’est une vérité de fait, à nos yeux, en ce qui concerne la houille et le fer, que : 1° leur production peut être développée par la concurrence extérieure et ne peut l’être que par elle ; 2° que, quand la production indigène est décidément au-dessous des besoins, la même concurrence devient alors la seule garantie des consommateurs et des diverses industries qui emploient ces deux produits sur une grande échelle. Il existe en France des quantités de fer et de houille qui ne sont pas exploitées. De l’avis des gens spéciaux, la France possède des gisements de charbon et de minerai qui peuvent soutenir, à peu de chose près, la comparaison avec le Stafford-shire et le pays de Galles, et si nos maîtres de forges eussent été aiguillonnés par la concurrence étrangère, ils s’y seraient déjà transportés. Il n’y a pas lieu de s’étonner si les faveurs du système protecteur ne les y déterminaient pas. Il n’est que trop facile de s’en rendre compte. S’il y a des producteurs qui soient intéressés à la rareté, ce sont à coup sur les industriels qui exploitent la houille et le fer. Les raisons en sont évidentes. Leur produit est aujourd’hui un produit de première nécessité ; cela en garantit le placement à des prix qui, pour peu que le besoin augmente, s’élèvent sans rapport exact avec la quantité accrue de la demande. On comprendra bien ce phénomène si on se remet en esprit ce qui arrive pour le blé. Tout le monde sait que le