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LA QUESTION DES LOYERS

propagent à bonne intention et sèment par là des ressentiments et des haines dont ils ne se rendent pas bien compte.

Au reste, qu’on ne dise pas que nous pensons qu’il n’y a rien à faire ; nous traiterons plus loin (à propos des associations) des logements d’ouvriers.

En dernière analyse, les réglementations qu’on rêve ne sont pas plus conformes aux principes et aux intérêts de la démocratie que celles qui existent ; quelques-unes mêmes auraient un caractère beaucoup plus nuisible. Quant à la réglementation légale de l’intérêt, qui a été le principal objet de ce chapitre, ses jours sont aujourd’hui comptés. Aussi l’avons-nous moins encore combattue comme une mauvaise mesure qu’examinée comme un exemple et un spécimen de ces règlements abusifs et spécieux qui conservent encore un certain prestige sur la foule, ce qui n’a rien d’étonnant, puisqu’ils ont séduit des esprits d’un ordre éminent, et qu’il n’y a rien de tel que la réglementation pour entretenir les déplorables préjugés qui lui servent de prétexte. C’est une vieille idole dont on croit ne pouvoir se passer. Elle s’écroule, cette idole, on est tout étonné de voir que ce n’est pas un appui qu’on a perdu, mais une entrave dont on s’est heureusement débarrassé. Vous qui cherchez à ajouter encore à ces tutelles, à ces entraves, sous prétexte de protection aux faibles, cessez de vous dire les hommes de l’avenir, prenez garde de retenir du passé que vous répudiez, souvent même à l’excès, cette défiance extrême pour le droit individuel qui en faisait le caractère même, et d’adorer ainsi la routine sous le nom de progrès !