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LA QUESTION DES LOYERS

des locataires sera ce qu’elle est, les propriétaires resteront maîtres de faire passer l’impôt locatif dans le taux du loyer ? Un tel impôt mis sur la propriété serait-il juste d’ailleurs ? Un impôt établi sur un revenu absent peut-il avoir une base légitime ? Et où serait le gage de cet impôt, dont le payement ne reposerait plus sur les meubles garnissant les lieux ? Faudra-t-il exproprier en outre le propriétaire assez malheureux pour n’avoir pas loué sa maison ?

Je crains, lecteur, que vous ne demandiez grâce. Prenez-vous-en aux conséquences qu’engendre l’esprit de réglementation. Voici encore un de nos faiseurs de projets qui tient le secret des loyers à bon marché. Vite des chemins de fer dans l’intérieur de Paris !

Ces chemins de fer dans l’intérieur de la ville, ils auraient, dit-on, pour conséquence nécessaire de faire baisser les loyers. On ne craindrait plus de s’éloigner du centre. La facilité de circuler, le rapprochement des distances, sont des circonstances qui nivellent les prix. ― C’est à merveille, hommes de trop d’esprit ! Mais vos chemins de fer, forcés de s’arrêter à chaque instant, iront-ils beaucoup plus vite que nos omnibus ? Vous dites qu’il s’agit moins d’aller vite que d’avoir des places pour tout le monde. Aller vite est cependant bien quelque chose lorsque l’on est éloigné du centre de ses travaux. Nous demanderons en second lieu qui construira ces chemins de fer, en admettant que la chose soit possible matériellement dans l’intérieur de nos rues de Paris. Si le besoin en est réel, si l’affaire doit être bonne, en un mot, pourquoi les capitaux ne s’y mettent-ils pas ? Sont-ils tellement inintelligents ? manquent-ils aujourd’hui à un tel point d’initiative ? Si l’affaire est mauvaise, pourquoi en charger l’État ou la ville, faisant payer à tous, moyennant l’impôt, ce qui ne profiterait qu’à un nombre restreint d’habitants ?

En vérité, ces faiseurs de plans déploient beaucoup